Chapitre 42
Maman et moi, dans nos chemises de nuit, venions à peine de souffler nos bougies… Voilà tout ce dont je me souvenais du poème de Clement Moore. Ma mère, elle, pouvait réciter les vingt strophes, si mes souvenirs étaient bons, dans leur intégralité. Jess, Marc, Jon et moi avions prévu de dîner chez elle le lendemain soir pour le réveillon de Noël. Elle me le raconterait.
Quand je refermai la porte de ma – notre – chambre derrière moi, je me rendis compte que Sinclair s’était caché dans le lit, recroquevillé sous les couvertures.
— Il est ici, pas vrai ? me demanda-t-il. Je le sens. Il aspire mon énergie.
— Tu es pire qu’un gosse ! C’est un arbre de Noël, pas une arme nucléaire.
Il frissonna.
— On ne voit pas les choses de la même façon !
— Il n’est même pas si grand que ça ! (Je posai la main contre ma hanche.) Il m’arrive ici. On a dû ranger la plupart des décorations dans le grenier.
— Dis-moi qu’il ne reste que deux jours.
— On vient à peine de le décorer ! Oh ! Pendant que j’y pense ! Je suppose que tu ne veux pas m’accompagner au repas de tu-sais-quoi chez ma mère ?
Il grimaça comme s’il avait senti une mauvaise odeur.
— Ta mère est une bien charmante dame. En d’autres circonstances, j’en aurais été ravi…
— « Merci, mais non merci », c’est ça ?
— Je ne compte pas mettre les pieds hors de cette maison avant le 26.
— Franchement !
— Tu ne peux pas comprendre ce qui est à la fois source d’admiration et cause d’effroi.
— Oui, oui… tu es sûrement trop traumatisé pour réussir à bander…
Il m’adressa un regard ahuri.
— N’exagère pas, quand même !